mardi 15 mai 2012

Affaire du Mediator : les hommes de l'ombre. Chapitre 7 : Charles Joseph-Oudin



Ce jeune avocat de 28 ans au visage encore poupin se retrouve au centre d'un des plus grands scandales sanitaires français de ce début de décennie dont le procès s’est ouvert ce lundi 14 mai. Politikement Inkorrekt revient sur la personnalité du benjamin de l’affaire Servier et du Mediator, Maître Charles Joseph-Oudin.
D'un côté, Servier, deuxième groupe pharmaceutique national après Sanofi-Aventis, fabricant du Mediator qui était encore en 2007, le 44e médicament le plus vendu en France. Un empire médical qui emploie 20.000 salariés dans le monde, dont 5.000 en France. De l'autre, le défenseur de quelques dizaines de victimes présumées : mais depuis, quelques semaines, son CV a disparu de Google ainsi que toute référence à sa prestation de serment devant le barreau de Paris le 4 novembre 2009.
Le Mediator, pour lui, c’est sa première affaire, une « belle » affaire, juteuse. Une vidéo le montre à la l’occasion de l’une des toutes premières conférences de presse, faire le signe des doigts qui se frottent comme pour dire : « y a du fric à se faire dans cette affaire ! ».
On raconte qu’il a entendu parler du Mediator pour la première fois deux mois seulement après sa prestation de serment. On dit aussi qu’une femme s’est présentée à son tout nouveau cabinet installé dans le 14e arrondissement parisien, un petit appartement sombre, froid avec seulement un ordinateur, un téléphone, un fax, une assistante… «Je connaissais cette femme un peu par hasard. Elle avait lu le livre d'Irène Frachon. Voilà comment tout a commencé», explique simplement l'avocat. Ça c’est pour la version officielle. La version officieuse est beaucoup moins romantique. En fait le jeune Joseph n’est ni plus ni moins que le neveu de Catherine Oudin-Hill, épidémiologiste de renom qui a annoncé les chiffres approximatifs de 500 à 2000 morts (chiffres non fondés et d'ailleurs réfutés par les spécialistes).
Issu d'une famille de médecins, Charles Joseph-Oudin était loin d'être un spécialiste du droit médical. Avant de se lancer en indépendant, l'ancien élève d'Assas et d'Oxford, qui a payé ses études en étant vendeur au service photo de la Fnac (snif), s'est fait la main dans deux cabinets anglo-saxons en droit des affaires. L'avocat a donc dû rapidement se mettre à niveau. «J'ai commencé par me documenter, lire la littérature médicale spécialisée, discuter avec des experts... Très vite, j'ai senti que cette affaire sentait le scandale», explique-t-il. Mais bien sûr… Alors que même les meilleurs spécialistes scientifiques se cassent les dents sur ce dossier (l’avocat a d’ailleurs du mal à prononcer le terme de norfenfluramine), le bellâtre devient l’avocat spécialistes des amphétamines…
D'une seule patiente, le jeune maître à la barbe naissante et aux costumes trop grands est devenu aujourd'hui le représentant de plusieurs dizaines. «Vous ne pouvez pas imaginer ! Tous les jours, je reçois des mails, des lettres de personnes malades ou de familles de patients décédés. Des appels qui viennent de toute la France et même parfois de Français vivant à l'étranger.», car comprenez-vous, il faut bien entretenir l’espoir de faire cracher Servier, même si le lien de cause à effet entre la prise du Mediator et les valvulopathies, dans 90%, est indémontrable, selon la dernière étude de l’ONIAM.
Mais il ne faut surtout pas ignorer, que c’est surtout Me François Honnorat, un avocat aguerri dans les affaires médicales –il a notamment bataillé dans les dossiers du sang contaminé, de la vache folle ou de l'hormone de croissance– qui fait l’essentiel du travail et le défrichage des procédures multiples.
Avec beaucoup de finesse et d’à-propos, Me Joseph-Oudin n'hésite pas à comparer le laboratoire Servier à «la Corée du nord où la direction fait régner un climat de peur chez ses salariés et jusque dans les ministères», sans d’autres précisions, juste pour entretenir un mystère de façade et à deux sous.
Après le Mediator, le pénaliste aurait déjà en vue d'autres médicaments «scandaleux» dont certains sont également commercialisés par Servier. Il n’a pas encore dit s’il allait s’attaquer à Sanofi ou GSK. C’est vrai que ce ne serait pas politikement korrekt…

Prochain chapitre : Christian Lajoux

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