Ce jeune avocat de 28 ans au visage encore poupin se
retrouve au centre d'un des plus grands scandales sanitaires français de ce
début de décennie dont le procès s’est ouvert ce lundi 14 mai. Politikement
Inkorrekt revient sur la personnalité du benjamin de l’affaire Servier et du
Mediator, Maître Charles Joseph-Oudin.
D'un côté, Servier, deuxième groupe pharmaceutique
national après Sanofi-Aventis, fabricant du Mediator qui était encore en 2007,
le 44e médicament le plus vendu en France. Un empire médical qui emploie 20.000
salariés dans le monde, dont 5.000 en France. De l'autre, le défenseur de
quelques dizaines de victimes présumées : mais depuis, quelques semaines, son CV a disparu de Google ainsi
que toute référence à sa prestation de serment devant le barreau de Paris le 4
novembre 2009.
Le Mediator, pour lui, c’est sa première affaire, une
« belle » affaire, juteuse. Une vidéo le montre à la l’occasion de
l’une des toutes premières conférences de presse, faire le signe des doigts qui
se frottent comme pour dire : « y a du fric à se faire dans cette
affaire ! ».
On raconte qu’il a entendu parler du Mediator pour la
première fois deux mois seulement après sa prestation de serment. On dit aussi
qu’une femme s’est présentée à son tout nouveau cabinet installé dans le 14e
arrondissement parisien, un petit appartement sombre, froid avec seulement un ordinateur,
un téléphone, un fax, une assistante… «Je connaissais cette femme un peu par
hasard. Elle avait lu le livre d'Irène Frachon. Voilà comment tout a commencé»,
explique simplement l'avocat. Ça c’est pour la version officielle. La version
officieuse est beaucoup moins romantique. En fait le jeune Joseph n’est ni
plus ni moins que le neveu de Catherine Oudin-Hill, épidémiologiste de renom qui a
annoncé les chiffres approximatifs de 500 à 2000 morts (chiffres non fondés et
d'ailleurs réfutés par les spécialistes).
Issu d'une famille de médecins, Charles Joseph-Oudin
était loin d'être un spécialiste du droit médical. Avant de se lancer en
indépendant, l'ancien élève d'Assas et d'Oxford, qui a payé ses études en étant
vendeur au service photo de la Fnac (snif), s'est fait la main dans deux
cabinets anglo-saxons en droit des affaires. L'avocat a donc dû rapidement se
mettre à niveau. «J'ai commencé par me documenter, lire la littérature
médicale spécialisée, discuter avec des experts... Très vite, j'ai senti que
cette affaire sentait le scandale», explique-t-il. Mais bien sûr… Alors que
même les meilleurs spécialistes scientifiques se cassent les dents sur ce dossier (l’avocat a d’ailleurs du mal à prononcer le terme de norfenfluramine),
le bellâtre devient l’avocat spécialistes des amphétamines…
D'une seule patiente, le jeune maître à la barbe naissante
et aux costumes trop grands est devenu aujourd'hui le représentant de plusieurs
dizaines. «Vous ne pouvez pas imaginer ! Tous les jours, je reçois des
mails, des lettres de personnes malades ou de familles de patients décédés. Des
appels qui viennent de toute la France et même parfois de Français vivant à
l'étranger.», car comprenez-vous, il faut bien entretenir l’espoir de faire
cracher Servier, même si le lien de cause à effet entre la prise du Mediator et
les valvulopathies, dans 90%, est indémontrable, selon la dernière étude de l’ONIAM.
Mais il ne faut surtout pas ignorer, que c’est surtout
Me François Honnorat, un avocat aguerri dans les affaires médicales –il a
notamment bataillé dans les dossiers du sang contaminé, de la vache folle ou de
l'hormone de croissance– qui fait l’essentiel du travail et le défrichage des
procédures multiples.
Avec beaucoup de finesse et d’à-propos, Me
Joseph-Oudin n'hésite pas à comparer le laboratoire Servier à «la Corée du
nord où la direction fait régner un climat de peur chez ses salariés et jusque
dans les ministères», sans d’autres précisions, juste pour entretenir un
mystère de façade et à deux sous.
Après le Mediator, le pénaliste aurait déjà en vue
d'autres médicaments «scandaleux» dont certains sont également
commercialisés par Servier. Il n’a pas encore dit s’il allait s’attaquer à
Sanofi ou GSK. C’est vrai que ce ne serait pas politikement korrekt…
Prochain chapitre : Christian Lajoux
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