Debré :
le seul nom raisonne comme une saga française liée au pouvoir de la République.
Il suffit de consulter la biographie
et la généalogie
de Bernard Debré pour s’en convaincre. Tous les Debré ont joué un rôle
politique depuis la seconde guerre mondiale. Incontournables et omniprésents
pour certains, véritable lobby pour d’autres… On ne touche pas à la famille
Debré, on ne touche pas à Bernard Debré, député UMP de Paris et médecin
urologue, ancien ministre de la Coopération (1994-1995) dans le gouvernement
Balladur, ancien député d’Indre-et-Loire (RPR), vice président de la Fondation
Action pour la santé... Bernard Debré vient d’ailleurs
de porter plainte contre Odile Plichon, l’auteure du livre noir des médecins stars, et
contre son éditeur, Stock, pour diffamation à propos de l’opération de la
prostate du président Mitterrand. Bernard Debré est d’ailleurs défendu par
Constance Debré, sa nièce, elle-même ancienne conseillère du président de
l’Assemblée nationale, Bernard Accoyer et ancienne conseillère du Président de
la commission des lois, Pierre Mazeaud . On reste en famille…
Il est
vrai qu’on touche là au cœur du lobby de la santé, cet étrange Big Pharma, étroitement
lié au pouvoir politique et dont les intérêts financiers sont colossaux. Ainsi
Xavier Bertrand lui-même, qui n’a de cesse de protéger ses arrières dans
l’affaire du Mediator, a offert au mois de janvier 2012 et en toute discrétion,
une revalorisation des pensions de retraite de 30% aux professeurs des
universités-praticiens hospitaliers (PU-PH), soit 5700€ par mois… De quoi
calmer les ardeurs des médecins qui oseraient remettre en question la politique
de santé en France et la réforme du médicament, ou tout autre déclaration ou
témoignage sur les errements successifs des ministres de la santé de toute
période politique, davantage préoccupés de leur parcours politique que de la
santé des Français…
Bernard
Debré, l’incontournable justement, qui a embrayé la croisade contre les
laboratoires Servier à l’issue de sa nomination par le président de la
République (janvier 2011), à la tête d’une mission d’information afin « d’assainir la filière du médicament »
et bien qu’une mission d’information parlementaire, conduite par le député
Gérard Bapt (PS), soit déjà initiée quelques mois plus tôt. Quand on sait les
liens qui unissent le député Bapt aux laboratoires GSK, il était évident qu’il
fallait limiter l’influence de cette mission parlementaire et en confier une
autre à Debré, très pro-français et donc très pro-Sanofi ou très pro-Fabre. Ces
derniers laboratoires ayant toujours su le soutenir, surtout à l’occasion de la
publication de ses traités d’urologie et parce qu’il est également conseiller
du président des laboratoires Pierre Fabre dans le cadre de son association
France-Chine…
Bernard
Debré qui n’hésite donc pas, en quelques jours, à écumer l’ensemble des médias
audiovisuels pour marteler son message : « Oui, il y a eu corruption chez Servier.
Oui, les laboratoires Servier sont des
criminels ! » et bien qu’il ait assisté à la remise des
insignes de Grand croix de la Légion d’honneur à Jacques Servier lui-même. Cela
s’appelle un retournement de veste. Les laboratoires Servier ont d’ailleurs
porté plainte pour diffamation à l’encontre de Bernard Debré.
Nicolas
Sarkozy désigne Debré parce qu’il convient de charger au maximum Servier pour
protéger les politiques et les membres des administrations coupables. Cela
ferait en effet très désordre que Xavier Bertrand soit condamné pour des
erreurs des services dont il était le responsable en tant que ministre de la
santé.
Bernard
Debré a donc rédigé un rapport, en
collaboration avec le professeur Philippe Evin, afin de redresser la situation
et de remettre sur pied un système
de collaboration entre l’industrie pharmaceutique et les agences sanitaires
plus sain. Outre les questions de formation des médecins, aujourd’hui
systématiquement financées par les laboratoires pharmaceutiques, outre la
publication in-extenso des collaborations entre médecins et laboratoires afin
de limiter les conflits d’intérêts, la stratégie du Professeur Debré était
claire : limiter la casse politique à quelques mois des élections
présidentielles.
Chacun pourra s’interroger sur les multiples
scandales étouffés et sur lesquels bien peu d’élus ont pris position ou ont
fait connaître leur réprobation : le Vioxx, l’Avandia… Mais pour
comprendre la somme de parti pris ou le total mutisme, il convient toujours de
voir quels sont les intérêts (politiques, financiers, scientifiques...) qui
sont derrière. Et dans l’affaire du Mediator de Servier, nul doute que beaucoup
ont intérêt à voir Servier condamné. La vérité est ailleurs mais toujours politkement inkorrekt...
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