vendredi 6 décembre 2013

L’information prostatite

Les dérives de l'information se multiplient et le citoyen ne discerne plus l'important du futile.



Tout se passe, aujourd’hui en France, comme si le gouvernement, qui ressemble de plus en plus à un gouvernement de transition, voulait faire oublier aux Français la dureté du travail quotidien, les exigences fiscales et le chômage récurrent.

On parle beaucoup en France, beaucoup trop, et surtout beaucoup pour ne rien dire. C’est ainsi que nous sommes passés cette semaine des conclusions catastrophiques du rapport PISA (information capitale mais trop compliquée à expliquer aux Français endormis), à l’opération dissimulée de la prostate du futur candidat Hollande en février 2011 (information très simple à comprendre) au panégyrique de Nelson Mandela (information fondamentale mais très éloignée des préoccupations quotidiennes). Nul doute que le tirage au sort des groupes de la prochaine coupe du monde au Brésil, anime copieusement les rédactions (information complètement accessoire mais simpliste).

Pendant ce temps-là, dans le froid glacial de l’hiver, on meurt en silence sous les ponts et les portes cochères. Chaque année plus de 11000 personnes âgées décèdent suite à une chute. 4000 français meurent de maladies nosocomiales et autant périssent sur les routes. Les suicides en entreprise, cadres et salariés confondus, ne cessent d’augmenter sans vraiment alerter les politiques et les chefs d’entreprise. 

Non, on préfère l’accessoire, le spectaculaire. On aime le voyeurisme des émissions débilitantes de la télé réalité. On préfère s’enthousiasmer pour un adolescent chantant faux. On préfère une famille qui se déchire en direct. On présente en boucle toujours les mêmes images, les mêmes héros post-modernes. Toujours les mêmes qui parlent pour ne rien dire, les débats entre journalistes consanguins, entre politiques que rien n’oppose ou si peu, ou les émissions de Français posant en direct (travaillé au préalable) à un président de la République, spectacle convenu et donc l’efficacité est proche de zéro.


Non, aujourd’hui en France, l’information est devenue prostatite. Difficulté de dire les choses par leur nom, manque de pression sur les pouvoirs établis, accouchement aux forceps d’une information mâchée et à peine vérifiée.



mercredi 18 septembre 2013

Lobbying : le téléphone de Daniel Vial ne répond plus…





L’année dernière, au mois d’avril exactement, nous publiions un portrait du lobbyiste Daniel Vial et son rôle dans l’affaire du Médiator. Retour un an et demi plus tard sur une personnalité étrange et donc tous les amis sont frappés d’amnésie.
Cet article, initialement publié sur AgoraVox-le média citoyen (?), a été retiré de la publication... Nous ajoutons en fin d'article les différents commentaires qui avaient été postés par respect des internautes qui avaient pris la peine de le lire et de réagir.


Le 26 avril 2013, le groupe Sanofi a décidé de se séparer de Daniel Vial, conseiller spécial de Chris Viehbacher, son PDG. Derrière une déclaration très politiquement correcte, "D'un commun accord, la mission de conseil de monsieur Vial a été suspendue pour qu'il puisse se consacrer à ses affaires", précisait le groupe pharmaceutique, il faut aussi y voir la rupture avec des manières peu recommandables du lobbyiste. Certes, ce dernier, lors de plusieurs interviews, s’est toujours montré très rassurant sur ses activités et qu’il jure qu’il n’a jamais rien fait contre nature. Néanmoins, lorsque nous essayons de prendre de ses nouvelles, alors que les juges d’instruction Van Ruymbeke et Le Loire s’intéressent aux agissements de Daniel Vial, plus personne ne semble se souvenir des activités du lobbyiste. Bachelot, Kouchner, Lang, Douste-Blazy, Barzach, personne ne semble se souvenir des universités d’été de Lourmarin, ni des mises en relation orchestrées dans le somptueux appartement de la place de l’Odéon. Personne ne se souvient d’une quelconque mise en relations, le carnet d’adresses de Daniel Vial étant son plus grand trésor. Non personne.
Il est toutefois curieux que Daniel Vial soit lâché par ses amis d’autrefois. Cette fin précipitée, il la doit probablement à Chris Viehbacher, le PDG de Sanofi, qui ne souhaitait pas s’embarrasser d’un personnage tout compte fait assez encombrant. Dans deux très bons articles parus dans le Monde et Le Nouvel Obs, chacun pourra découvrir la personnalité intrigante de celui qui faisait la pluie et le beau temps des relations entre pouvoir politique et industrie pharmaceutique. A n’en pas douter, les uns avaient et ont toujours besoin des autres, tant pour faciliter la mise sur le marché de nouveaux médicaments, tant pour financer des activités politiques. Car il y a beaucoup d’argent. Des centaines de millions d’euros à gérer selon certains témoins qui préfèrent l’anonymat. Et autant de rétributions pour les bons samaritains politiques ou les journalistes conciliants avec les arrangements entre amis. D’ailleurs, Daniel Vial n’était-il pas rétribué 1 million d’euros par an chez Sanofi ?
Alors on comprend mieux que le téléphone de Daniel Vial ne réponde plus. Malgré la perquisition de son domicile à l’occasion de l’enquête dans l’affaire Cahuzac, Daniel Vial se serait réfugié sur ses terres du Lubéron où il cultive son jardin. Ses amis d’autrefois qui le trouvaient d’une extrême courtoisie et gentillesse, ne se souviennent plus tellement à quelle occasion ils l’avaient rencontré. Avaient-ils apporté des dossiers au profit de laboratoires ? Non, personne n’est en mesure de le confirmer. Avait-il joué de ses relations pour appuyer telle autorisation de mise sur le marché ? Rien n’est moins sûr. Alors dans ce cas, pourquoi Daniel Vial était-il si recherché pour ses « relations publiques » qui n’étaient en fait que des « relations secrètes » ? La question porte toujours sur l’absence de transparence du lobbying en France. Et pas certain que l’on puisse véritablement connaître un jour la vérité tant les enjeux de pouvoir et les enjeux économiques sont omniprésents. Et ce n’est pas le PDG de Sanofi qui le démentira.


Pour en savoir plus
http://tempsreel.nouvelobs.com/l-enquete-de-l-obs/20130510.OBS8616/dimanche-17h-daniel-vial-l-ami-de-cahuzac-et-des-labos-sort-de-l-ombre.html

Réactions publiées sur Agora Vox et supprimées par le média citoyen 

Lisa SION 2 : Conclusion, dans la vie point n'est besoin d'un métier, mais juste d'un carnet d'adresse. Un réseau bien palmé, une langue plutôt fourchue et une mémoire azimutée, avec des chaussures en cuir çà permet de bloquer toutes celles qui s'ouvrent. De savoir qu'un lobbyiste près l'industrie pharmaceutique cultive si ça se trouve des herbes médicinales dans le Lubéron...c'est la meilleure de l'été ! 

Lexatif :
« Lobbyiste », ce ne serait pas le nom politiquement correct pour « corrupteur » ? Les corrompus se reconnaîtront mais on aimerait quand même bien les connaître aussi. A la lecture de cet article et des article cités en lien dont l'excellent article du Nouvel Observateur sur le personnage et sur ses impressionnantes relations, on peut commencer à se faire une idée très précise des personnalités et des entreprises impliquées dans ces trafics d'influence à grande échelle et qui leur semblent tout à fait naturelles, ce qui n'est pas le moins hallucinant. On retrouve quasiment tous les ex ministre de la Santé du PS à l'UMP (eh oui, les oligarques français se tiennent les coudes) et tous les laboratoires pharmaceutiques à l'exception notable de Servier (j'arrive toujours pas à y croire ; ça doit être une erreur) ; au premier rang on trouve Sanofi, et son président Chris Viehbacher qui rémunérait Vial 1 million d'euros par an, et que le lobbyiste a conseillé notamment en Asie (sans rapport avec la corruption de centaines de médecins en Chine ?), GSK (qui aurait aussi corrompu des médecins chinois à coup de centaines de millions), Pfizer... la crème des labos donc, qui jurent, croix de bois croix de fer que ça n'existe pas en France ; on trouve aussi Jérôme Cahuzac dit « mon oeil dans tes yeux » (là je suis moins surpris mais j'ai vaguement la nausée) et un florilège de personnalités (journalistes, labos, députés comme le PS Gérard Bapt frappé d'amnésie sur le financement de ses agapes en forme de réflexion parlementaire par GSK (tient tient). Et tout ce beau monde, invité par le lobbyiste, convolait dans le somptueux domaine de Lourmarin pour réfléchir à l'avenir de la Santé entre 2 petits fours et un plongeon dans la piscine. Les techniciens Sol / Mur / Plafond du Front de Gauche se proposent de venir faire le ménage gratuitement : on recrute, amenez votre balais aux prochaines élections.

Viensky : Je n'ai jamais corrompu un ministre de la santé, jamais ! Ces accusations sont délirantes ; mes accusateurs devront prouver que leurs allégations sont fondées. Ils auront du mal. Je démens catégoriquement les allégations de compromission de responsables politiques ; je ne fais pas de corruption, je n'en ai jamais fait, ni maintenant, ni avant. Je nie en bloc et en détail ; ça ne peut pas être moi puisque je n'ai jamais eu de corrupteur attitré, ni de journaliste complaisant ! » : quand vous l'entendrez « les yeux dans les yeux » de la part de very big pharma, je pense que ça vous rappellera quelque chose !

Babette272 : Qui trouve-t-on dans l'entourage intime de ce lobbyiste Daniel Vial ? Jérôme Cahuzac, un homme profondément honnête, franc et pas menteur pour 2 sous, enfin, pour 300 000 sous ; on trouve aussi Chris Viehbacher, Directeur de Sanofi Monde, un homme profondément attaché à la responsabilité sociale de l'entreprise, à l'éthique (à nique au mac) et si généreux auprès de son ami Vial rétribué 1 millions d'euros par an, pour entretenir son potager de Lourmarin. Sanofi, le labo aux 50 milliards de bénéfices et qui licencie 500 chercheurs à Toulouse ; Sanofi la star de la bourse et le chouchou des médias (au moins de ceux invités à Lourmarin) ; Sanofi, qui n'a corrompu personne en Chine, ou alors à l'insu de son plein gré ; Sanofi, qui avait le même conseiller en communication de crise que Cahuzac et DSK : Stéphane Fouks. Allez, je ne vais pas citer plus de noms qu'il n'y en a dans cet article ou dans celui du Nouvel Obs, je risquerais de me faire censurer : vous n'avez qu'à les lire.

HashBee : Ne soyons pas hypocrites, le lobbying est consubstantiel à la démocratie, il a son utilité quand il porte le point de vue de telle ou telle industrie ou groupe d'intérêt, à la connaissance des décideurs politiques et institutionnels, parmi l'ensemble des autres points de vue et intérêts contradictoires. La politique, c'est faire des choix et au moins ils sont éclairés, ceux qui croient que cela peut fonctionner différemment sont naïfs et pas très futés. Le lobbying, c'est cela, donner des informations, défendre des dossiers argumentés et souvent complexes ; et ça ne doit être que cela. Mais en ce qui concerne ce Daniel Vial, ce n'est plus du lobbying, c'est carrément un réseau de collusion et de compromission que l'on peut soupçonner, et il y a beaucoup (beaucoup trop !) de noms cités, de personnalités impliquées, ayant profité de largesses incroyables : des ministres de la santé, des présidents de sociétés, des politiques, des journalistes : tout le gotha mondain de la Santé. On ne peut plus parler de lobbying, c'est de l'influence pour ne pas dire plus, en employant le terme approprié et ignominieux que l'on peut suspecter à raison. Comment ces responsables politiques et institutionnels pourraient-ils croire que ces prestations luxueuses, n'attendent aucune contrepartie ? Comment ces responsables n'ont-ils pas conscience que l'on va les soupçonner à juste titre, que toutes leurs décisions sont entachées d'un doute quand ils se livrent à de telles pratiques ? Et que dire du laboratoire pharmaceutique cité dans cet article, Sanofi, et de son PDG, Chris Viehbacher ? On entendait parler en France jusqu'à présent, que d'un seul laboratoire, Servier, avec plusieurs mises en examen de médecins, pour prise illégale d'intérêt ; il semble que Sanofi opère à une tout autre échelle : directement auprès des responsables politiques et de journalistes bien connus : c'est condamnable et gravissime pour notre démocratie. Que pèsent les mesures de moralisation de la vie
politique de François Hollande devant un tel fonctionnement que ces gens trouvent normal ? Une très sérieuse remise à plat des pratiques éthiques s'impose : si ce ne sont pas les démocrates qui la mettent en place d'urgence, avec les sanctions correspondantes des personnalités impliquées, ce seront les extrémistes qui l'imposeront ; ne pas le voir est une faute politique et morale dont il faudra répondre devant la nation.

Henrymarx : Pourtant, monsieur Vial était très disponible, notamment pour répondre aux différents interlocuteurs de Sanofi, selon le journaliste Laurent Léger ; De plus, Lourmarin, il y a pire pour se réunir...club de golf immense et son domaine paisible à 20 minutes, villas somptueuses, petite ville branchée de Provence... On ne doit pas s'ennuyer dans ce milieu

Laurencecharles : C'est marrant cette manie dont les politiques on d'utiliser certaines personnes et de ne plus les reconnaitre par la suite. Y'a t_il un médicament contre l'amnésie choisie ? Peut-être que Sanofi devrait faire des recherche sur la perte volontaire de mémoire. Ou bien est-ce un trop plein de champagne ?

Cedric Citharel :  Les lobbyistes ne vivent pas dans le même monde que nous, ils s'y replongent juste de temps en temps. Et dans de tels moments, il est bon de savoir les repérer.
"Son métier de lobbyiste l'amenait régulièrement à manipuler de nombreuses personnes, toutes avides de gloire, d'argent ou de reconnaissance. Il avait l'habitude de côtoyer ces hommes ou ces femmes de réseaux dont la seule fonction était de mettre en relations les industriels avec les décideurs politiques, les généraux avec les marchands de canons, les maires avec les marchands de béton. Tous ces intermédiaires, incontournables, avaient un point commun, ils disposaient d'un emploi qui leur permettait de briller en société. Accessoirement, ils n'avaient pas à se coucher tôt pour être en forme le lendemain matin, ni à quitter un déjeuner parce que leur patron voulait les voir immédiatement dans son bureau. Ils étaient libres de rencontrer n'importe qui, n'importe quand ; en ne travaillant pas, ils travaillaient tout le temps." Extrait de On les croise parfois de Cedric Citharel.


vendredi 3 mai 2013

Etude de cas d’une manipulation : Le Figaro et l’affaire du Mediator



Comment un grand quotidien national parvient à confondre l’esprit de nos citoyens en défendant une thèse corroborée par les seuls préjugés. Ou par la seule volonté de défendre à tout prix une position irrecevable. 


Il y a des textes salutaires qu’il convient parfois de réactiver afin de réveiller nos consciences assoupies. Trop peu de nos intellectuels se souviennent des textes de Chomsky sur la fabrique du consentement. Pour le linguiste Chomsky, les médias constituent un système qui sert à communiquer des messages et des symboles à la population. Ils ont vocation à distraire, amuser, informer, et à inculquer aux individus les croyances et codes comportementaux qui les intégreront aux structures sociales au sens large. Dans un monde où les richesses sont fortement concentrées et où les intérêts de classe entrent en conflit, accomplir cette intégration nécessite une propagande systématique. Une modélisation de la propagande se focalise sur la prodigieuse inégalité dans la capacité de contrôle des moyens de production ; et ce qu'elle implique tant du point de vue de l'accès à un système de médias privés que de leurs choix et fonctionnements. Le modèle permet de reconstituer par quels processus le pouvoir et l'argent sélectionnent les informations.

A ce titre l’exemple du Figaro dans l’affaire du Mediator est probant. Pas moins de 140 articles, tous signés d’Anne Jouan, et tous à charge contre les laboratoires Servier (dans la même période, Libération publiait 16 articles et un dossier...) Et tous condamnant l’entreprise avant même que la justice ne soit rendue. Parmi les «Dix Stratégies de Manipulation » à travers les médias que Chomsky a identifiées, quatre nous paraissent révélatrices du système médiatique actuel français et nous permettent de mieux comprendre cette absolue volonté de nuire de la rédaction du Figaro et non d'informer. C'est en cela qu'il y a une véritable tentative de manipulation sans pour autant en comprendre les raisons profondes.

1. Faire appel à l’émotionnel plutôt qu’à la réflexion. L’immense majorité des articles du Figaro font appel à l’émotionnel. C’est une technique classique pour court-circuiter l’analyse rationnelle, et donc le sens critique des individus. A multiplier les témoignages de victimes, à donner en permanence une place considérable aux cris de harpie d’Irène Frachon, à ne jamais donner la parole au défendeur, la technique conduit inexorablement à l’anéantissement d’une quelconque forme d’objectivité. Le parti pris émotionnel étouffe toute forme de discernement. De plus, l’utilisation du registre émotionnel permet d’ouvrir la porte d’accès à l’inconscient pour y implanter des idées, des désirs, des peurs, des pulsions, ou des comportements. La vague anti-santé, anti-médicament n’est pas une fatalité mais bien la démonstration d’une stratégie profonde au service de plus grandes entreprises encore de velléités de vouloir imposer de nouvelles normes sanitaires.

2. Maintenir le public dans l’ignorance et la bêtise. L’absence d’objectivité et de rationalité conduit la rédaction du Figaro à faire en sorte que le public soit incapable de comprendre les technologies et les méthodes utilisées pour son contrôle et son esclavage. « La qualité de l’éducation donnée aux classes inférieures doit être la plus pauvre, de telle sorte que le fossé de l’ignorance qui isole les classes inférieures des classes supérieures soit et demeure incompréhensible par les classes inférieures. Extrait de « Armes silencieuses pour guerres tranquilles » écrivait Chomsky. Pourquoi alors faire preuve de détermination à donner la parole à toutes les parties prenantes ? Pourquoi ne tirer qu’à sens unique ? On retrouve ici la posture traditionnelle des milieux médiatiques : nous on sait et pas vous. C’est l’émergence de la médiocratie (média-démocratie) où tous les pouvoirs sont concentrés sur quelques hectares parisiens. Par ailleurs la question du professionnalisme des journalistes se posent aujourd’hui c’est aussi du en grande partie à l’absence de neutralité de certains journalistes sur différents thèmes ou articles transmis par ces derniers. Enfin comment accepter la diffusion d’informations confidentielles et appartenant au dossier de l’instruction ? Jusqu’où la petite soldate du journalisme ira pour se faire reconnaître comme une grande journaliste ?

3. Remplacer la révolte par la culpabilité. Faire croire à l’individu qu’il est seul responsable de son malheur, à cause de l’insuffisance de son intelligence, de ses capacités, ou de ses efforts. Ainsi, au lieu de se révolter contre le système économique, l’individu s’auto dévalue et culpabilise, ce qui engendre un état dépressif dont l’un des effets est l’inhibition de l’action. Pas une seule fois dans l’affaire Mediator, le Figaro n’a posé la question de la prescription. Pas une seule fois, nous n’avons pu lire le témoignage d’un médecin. C’est comme si toutes les victimes du Mediator avaient sonné à la porte des laboratoires pour obtenir leurs médicaments. C’est comme si toutes les victimes des prothèses PIP s’étaient implantées elles-mêmes des prothèses mammaires…

4. Connaître les individus mieux qu’ils ne se connaissent eux-mêmes. Au cours des 50 dernières années, les progrès fulgurants de la science ont creusé un fossé croissant entre les connaissances du public et celles détenues et utilisées par les élites dirigeantes. Grâce à la biologie, la neurobiologie, et la psychologie appliquée, le « système » est parvenu à une connaissance avancée de l’être humain, à la fois physiquement et psychologiquement. Le système en est arrivé à mieux connaître l’individu moyen que celui-ci ne se connaît lui-même. Cela signifie que dans la majorité des cas, le système détient un plus grand contrôle et un plus grand pouvoir sur les individus que les individus eux-mêmes. C’est pourquoi un quotidien comme le Figaro défend son système et veut donner des leçons d’éthique et influencer des modes de pensée. Certes le Figaro n’est pas le seul. D’autres médias sont exactement dans cette même logique, non pour informer mais pour assoir des pouvoirs financiers et politiques.

En somme, il est urgent de relire Chomsky et de prendre du recul vis-à-vis des informations diffusées par le Figaro. Mais ne doutons pas que d’ici l’ouverture du procès le 22 mai prochain, les articles du Figaro vont croitre afin de faire pression, indirectement sur les juges. Manipulation quand tu nous tiens !