mercredi 14 mai 2014

Atomic Lauvergeon



La Cour des comptes vient de porter l’estocade très politiquement incorrecte à la réputation d’« Atomic » Anne Lauvergeon.

Mme Lauvergeon avait pourtant tout pour plaire. Pur produit des grandes écoles à la française (polytechnique), collaboratrice de Mitterrand, elle est souvent décrite comme femme à poigne capable de mater des vilains patrons hommes, mais aussi de séduire puisque même Sarkozy envisagea de la nommer ministre, ce qu’elle refusa. Elle persévéra comme présidente du conseil de surveillance de Libération. Bref, elle est toujours du bon côté, ce qui lui permit de ne pas être poursuivie lors de sa déclaration raciste à l’encontre du « mâle blanc » (sic) chez AREVA.
La Cour des comptes révèle que « la rémunération de l’ancienne présidente du directoire a connu une progression très rapide au cours de son mandat » ; mais aussi qu’« un grand nombre des difficultés […] avec les tutelles […] provient avant tout de la forte personnalité de la présidente du directoire ».
Le pire, ce sont les pertes et provisions colossales passées sur les dossiers UraMin et de l’EPR finlandais. Ce qu’on comprend, c’est que :
- Les représentants de l’État ont émis des doutes sur les opérations envisagées mais n’ont jamais pu ou voulu les bloquer.
- Mme Lauvergeon a pris des décisions ineptes et ruineuses ;
Un exemple : lors du rachat d’UraMin, le directoire d’AREVA dit prévoir une revente de 49 % à EDF et à un investisseur chinois, pour en amortir le coût. Les administrateurs vont gober, sans lettre d’intention de qui que ce soit. Et cette vente n’aura évidemment jamais lieu.
La leçon de l’histoire est connue. Nos joyaux industriels sont dirigés par une coterie d’énarques cooptés, complices du politique, ignorants de l’entreprise et, surtout, juges et parties du système médiatique. Les administrateurs de l’État manquent soit de compétence, soit de pouvoir, soit des deux. Ce qui n’empêche jamais Bercy de donner des leçons aux chefs d’entreprise.
La fin de l’histoire est écrite : AREVA n’a plus les moyens de financer son développement. Qui va payer ? Les Français, comme contribuables d’abord puis comme citoyens puisque ce fleuron finira par être dépecé ou vendu.
L’actualité relaie aussi les sanglots de M. Dufour, ex-président d’Air Littoral (mené au dépôt de bilan) et, depuis hier, de la SNCM. Soutenu par les syndicats, il portait un énième plan de relance de ce scandale, gabegie aux mains de la CGT marseillaise et des troubles organisations nationalistes corses. La SNCM, c’est la pire des qualités, des productivités et des régularités des liaisons en Méditerranée. Sans compter les affaires de vol de denrées dans lesquelles des élus syndicaux ont été arrêtés.
Aujourd’hui encore, on apprend qu’un autre énarque, M. Bonnafé, directeur général de BNP, est aux USA pour sauver sa licence contre une amende de plusieurs milliards d’euros pour avoir été en infraction sur la législation américaine des États dits voyous (Cuba, Soudan, Iran…). Mais qui a pris la décision d’y aller ? Demandera-t-on des comptes à M. Prot, son prédécesseur, autre énarque valeureux ? Le compte à rebours est lancé pour savoir à quelle heure les salariés du réseau français vont devoir passer à la caisse pour éponger…
Une chose est sûre : il n’y a pas que par le bas que la France est pillée aujourd’hui…

mercredi 9 avril 2014

L’inavouable vérité : la France et le génocide rwandais





Chacun serait en droit de connaître la vérité sur le génocide rwandais. Mais la diplomatie française et les autorités politiques n’ont à l’évidence pas tellement envie de la connaître ou de la reconnaître. Il suffirait pourtant d’interroger les anciens militaires qui ont participé à l’opération Turquoise en 1994 ou de demander à Hubert Védrine, le rôle exact de la France au Rwanda. En effet, ce dernier était secrétaire général de l’Elysée et participait à toutes les réunions du comité restreint à Matignon chargé, entre autres de traiter la crise rwandaise. Mais il est aussi certain que Messieurs Balladur et Juppé, respectivement premier ministre de cohabitation et ministre des affaires étrangères.

Que la France soit responsable du génocide rwandais est une contre-vérité, hélas que l’on peut lire ici ou là. Cependant, il convient de rappeler, comme le fait très bien Patrick de Saint-Exupéry dans « l’inavouable », que la France mitterrandienne était particulièrement attachée à la défense de la francophonie. Il convient aussi de rappeler que dans la sous-région le Rwanda et le Burundi sont les deux seuls pays francophones. Et que pour Mitterrand à l’époque, il était inconcevable de perdre des pays qui sortiraient du giron français et de la Françafrique. Cela, ce sont les buts de guerre qui ont légitimé cet inavouable génocide.

mardi 11 mars 2014

Se battre

Se battre
Aujourd’hui, pour plus de 13 millions de Français, la vie se joue chaque mois à 50 euros près. Derrière ces statistiques, se livrent au quotidien des combats singuliers menés par des hommes et des femmes qui ont la rage de s’en sortir et les mots pour le dire. À leurs côtés, des bénévoles se donnent sans compter pour faire exister un monde plus solidaire. 
Tel est le pitch du film qui sort aujourd'hui et réalisé par Jean-Pierre Duret et Andréa Santana. Il s'agit ici de raconter la vie de ces français ignorés de tous les politiques, étrangers aux nouvelles technologies de l'information, à des milliards de kilomètres des magouilles politiciennes et des mensonges d'état. Comment accepter aujourd'hui, en France, une telle distance entre la réalité quotidienne et le spectacle affligeant des débats spectaculaires, des petites phrases insipides et méchantes, des amalgames sans cesse répétés ? Comment accepter cette cécité et ne pas avoir une once de solidarité avec ces travailleurs si communs, si fragiles et pourtant si humains. C'est en tout cas une belle leçon d'abnégation. On est en droit d'attendre de nos élus, une réaction, une forme de mobilisation afin de donner un peu plus d'air dans ce pays qui devient irrespirable.
A quelques jours du premier tour des municipales, ce témoignage poignant doit nous rappeler que la précarité existe dans ce pays. Ce n'est pas une révélation, juste une nouvelle constatation que nos pouvoirs devraient entendre. Comme un rappel à l'ordre.

lundi 10 février 2014

D'un référendum en particulier et de l'immigration en général

 immigration sauvage à Ceuta (Es)

Cette votation est tout sauf anodine et paradoxale... La Suisse, ce petit pays logé comme un caillou dans la chaussure de l'UE et sans en être membre, exprime les peurs populaires des pays membres et riches. Il y a là, une préfiguration des prochains votes européens : repli sur soi, peur, anxiété, xénophobie... Comme si on oubliait comment chacun des pays membres actuels s'est construit, par assimilation.Car dans ce vote, ce ne sont pas naturellement les cadres qui sont touchés, ni les artisans, ni les ingénieurs. Mais bien les travailleurs frontaliers, les sans-grade, les immigrés africains, du Maghreb et tous les autres populations des pays de l'Est. Cela préfigure incontestablement les votes français aux européennes et aux élections municipales.
A moins que : à moins que la France se lance à son tour dans un référendum sur l'immigration naturelle ou forcée, comme l'Italie, exaspérée par ces déferlantes d’immigrants sur ses côtes ou l'Espagne dans ses enclaves de Melilla et de Ceuta. Il y a plusieurs dizaines d'années Jean Raspail écrivait le camp des saints. Il imaginait des millions d'immigrants se précipitant par tous les moyens vers l'Europe prospère. Le phénomène a déjà commencé depuis des années mais il est politiquement incorrecte d'en parler.

mercredi 15 janvier 2014

Image et "vautours"



Le séisme médiatique et, tout compte fait assez minable et pitoyable d'une presse à scandale, (la parution de photos à priori de François Hollande dans Closer), a généré bien des commentaires inutiles et d'une très inégale qualité. Photos volées, vie privée surexposée, déballages de commentaires mis en télescopage avec l'affaire Dieudionné, autant d'arguties de journalistes en mal d'informations, perdues dans les méandres d'une France qui tente désespérément de retrouver quelques repaires moraux. 

La construction même des images, dont le doute sur leur réalité devrait bénéficier à François Hollande, flou, décadrage, incertitude technique, aurait dû d'abord suggérer la plus grande méfiance sur cette tentative de déstabilisation du Président de la République. L'affaire n'est pas nouvelle et la rumeur devient certitude. L'époque est à l'instantanéité, au spectaculaire, au vite fait, comme si le temps de l'information ne prenait plus le temps d'informer justement.
Face à l'incompréhension de la politique économique de la France, face au malaise grandissant d'un pays qui ne sait plus vraiment dans quelle direction le pouvoir le conduit, rien n'est pire que l'absence d'enquête et de témoignage. Contre l'absence de certitude, contre l'absence de cap, mieux vaut donc n'importe qu'elle image que pas d'image du tout, quelles que soient son ambiguïté, les motivations de Closer, la part d'engagement, de la fascination ou d'une forme de routine consternante. 

Le malaise que nous ressentons après la publication de ces photos (comme d'autres autrefois), tient moins à la réalité qu'elle renvoie qu'à la surenchère de sa rhétorique. Roland Barthes, dans Mythologies et son article sur les photos chocs, écrivait : " le fait surpris éclaté dans son entêtement, dans sa littéralité, dans l'évidence même de sa nature obtuse". L'omniprésence du tout info en continu, l'angoisse quasi existentielle des rédactions à manquer une information, être en retard sur le traitement d'une actualité, conduit, par nécessité, au voyeurisme et à l'absence de discernement. C'est hélas, ce genre de photographies qui fait le tour du monde, et non plus comme autrefois, celle des pires époques de guerre, de famines, de conflits sociaux, celles des situations graves, sérieuses, de ces photographies qui faisaient prendre conscience d'une réalité, capables de mobiliser des populations autour d'une cause. 

La question est donc aussi celle de ce journalisme people, qui se porte très bien, merci. Ce sont ces images futiles qui nous atteignent désormais, fût-ce en forçant nos portes et nos écrans. Mais, comme disait l'autre, nous avons la presse que nous méritons...

vendredi 6 décembre 2013

L’information prostatite

Les dérives de l'information se multiplient et le citoyen ne discerne plus l'important du futile.



Tout se passe, aujourd’hui en France, comme si le gouvernement, qui ressemble de plus en plus à un gouvernement de transition, voulait faire oublier aux Français la dureté du travail quotidien, les exigences fiscales et le chômage récurrent.

On parle beaucoup en France, beaucoup trop, et surtout beaucoup pour ne rien dire. C’est ainsi que nous sommes passés cette semaine des conclusions catastrophiques du rapport PISA (information capitale mais trop compliquée à expliquer aux Français endormis), à l’opération dissimulée de la prostate du futur candidat Hollande en février 2011 (information très simple à comprendre) au panégyrique de Nelson Mandela (information fondamentale mais très éloignée des préoccupations quotidiennes). Nul doute que le tirage au sort des groupes de la prochaine coupe du monde au Brésil, anime copieusement les rédactions (information complètement accessoire mais simpliste).

Pendant ce temps-là, dans le froid glacial de l’hiver, on meurt en silence sous les ponts et les portes cochères. Chaque année plus de 11000 personnes âgées décèdent suite à une chute. 4000 français meurent de maladies nosocomiales et autant périssent sur les routes. Les suicides en entreprise, cadres et salariés confondus, ne cessent d’augmenter sans vraiment alerter les politiques et les chefs d’entreprise. 

Non, on préfère l’accessoire, le spectaculaire. On aime le voyeurisme des émissions débilitantes de la télé réalité. On préfère s’enthousiasmer pour un adolescent chantant faux. On préfère une famille qui se déchire en direct. On présente en boucle toujours les mêmes images, les mêmes héros post-modernes. Toujours les mêmes qui parlent pour ne rien dire, les débats entre journalistes consanguins, entre politiques que rien n’oppose ou si peu, ou les émissions de Français posant en direct (travaillé au préalable) à un président de la République, spectacle convenu et donc l’efficacité est proche de zéro.


Non, aujourd’hui en France, l’information est devenue prostatite. Difficulté de dire les choses par leur nom, manque de pression sur les pouvoirs établis, accouchement aux forceps d’une information mâchée et à peine vérifiée.