jeudi 21 mars 2013

Politiques et laboratoires : les relations coupables de Monsieur Cahuzac



Il en va de la politique comme de la santé, les deux font la paire. Impossible désormais d’avoir une confiance absolue dans notre industrie pharmaceutique. Après les affaires GSK, Servier, Sanofi, Bayer, les prothèses PIP, le sang contaminé, etc., il paraît difficile aujourd’hui de ne pas suspecter les relations entre décisionnaires et laboratoires pharmaceutiques tant cette industrie regorge de ressources financières. On parle de subventions déguisées aux partis politiques, de pots de vin à des cadres de santé, des hauts fonctionnaires subventionnés, des ententes illicites sur des marchés : c’est le règne du tous pourris.

Dernier en date, Jérôme Cahuzac qui a fait du « conseil » pour l’industrie pharmaceutique et en particulier pour Pfizer. On peut s’interroger sur les possibles conflits d’intérêts entre un responsable de la politique du médicament de Claude Evin et les dirigeants de grands laboratoires. 

« A l’époque, il était vraiment réservé, il ne voulait même pas nous rencontrer, comme si on était le diable. Mais il a fini par se décrisper. Par la suite, nous avions des contacts réguliers », s’amuse Daniel Vial pour le Parisien. Daniel Vial, incontournable dans le lobbying, fondateur et animateur des universités du médicament de Lourmarin, aujourd’hui conseiller du directeur général de Sanofi, Christian Lajoux, ancien patron du LEEM (les Entreprises du Médicament représentées à l’Assemblée nationale

En 1993, le désormais ex-ministre du budget, crée Cahuzac conseil, spécialisée dans le conseil en entreprise. Cahuzac a ainsi, en tant que chirurgien et ancien du cabinet Evin, développer et entretenir ses relations avec les laboratoires : actions de conseils, refonte de politique du médicament, renouvellement de gamme. A ce propos, cela veut dire quoi « refonte de la politique du médicament » pour un cabinet de conseil ? En 1997, Jérôme Cahuzac siégeait déjà à l’Assemblée nationale et rapportait le budget de la santé. Il pourra toujours se défendre, comme son collègue Gérard Bapt d’avoir cessé toute collaboration avec les laboratoires, il sera quand même vu à Lourmarin aux côtés de Daniel Vial, Lajoux, Evin, Kouchner etc., et les représentants de tous les grands laboratoires dont Pfizer. « C’est vrai qu’il y a eu un contrat de passé entre Cahuzac Conseil et Pfizer, au cours des années 1993 à 1995. Il a travaillé pour le groupe Pfizer en donnant des conseils en matière de politique du médicament » a indiqué la direction de la communication de Pfizer. Mais personne ne saura rien ni les projets ni sur les honoraires de conseil. Le Parisien souligne « qu’une des hypothèses est que Jérôme Cahuzac aurait joué un rôle pour que le médicament anticholestérol de la classe dite des statines, le Tahor, fabriqué par Pfizer, soit bien accueilli par les pouvoirs publics français. » On s’interroge aujourd’hui sur les 500000 francs que notre ancien grand argentier aurait perçus de Pfizer alors qu’il était justement rapporteur du budget de la santé. Pourquoi faire ? On ne sait pas.