Il en va de la politique comme de la
santé, les deux font la paire. Impossible désormais d’avoir une confiance
absolue dans notre industrie pharmaceutique. Après les affaires GSK, Servier,
Sanofi, Bayer, les prothèses PIP, le sang contaminé, etc., il paraît difficile
aujourd’hui de ne pas suspecter les relations entre décisionnaires et
laboratoires pharmaceutiques tant cette industrie regorge de ressources
financières. On parle de subventions déguisées aux partis politiques, de pots
de vin à des cadres de santé, des hauts fonctionnaires subventionnés, des
ententes illicites sur des marchés : c’est le règne du tous pourris.
Dernier en date, Jérôme Cahuzac qui a
fait du « conseil » pour l’industrie pharmaceutique et en particulier
pour Pfizer. On peut s’interroger sur les possibles conflits d’intérêts entre
un responsable de la politique du médicament de Claude Evin et les dirigeants
de grands laboratoires.
« A
l’époque, il était vraiment réservé, il ne voulait même pas nous rencontrer,
comme si on était le diable. Mais il a fini par se décrisper. Par la suite,
nous avions des contacts réguliers », s’amuse Daniel Vial pour le Parisien. Daniel Vial, incontournable
dans le lobbying, fondateur et animateur des universités du médicament de Lourmarin,
aujourd’hui conseiller du directeur général de Sanofi, Christian Lajoux, ancien
patron du LEEM
(les Entreprises du Médicament représentées à l’Assemblée nationale
En 1993, le désormais ex-ministre du
budget, crée Cahuzac conseil, spécialisée dans le conseil en entreprise.
Cahuzac a ainsi, en tant que chirurgien et ancien du cabinet Evin, développer
et entretenir ses relations avec les laboratoires : actions de conseils,
refonte de politique du médicament, renouvellement de gamme. A ce propos, cela
veut dire quoi « refonte de la politique du médicament » pour un
cabinet de conseil ? En 1997, Jérôme Cahuzac siégeait déjà à l’Assemblée
nationale et rapportait le budget de la santé. Il pourra toujours se défendre,
comme son collègue Gérard Bapt d’avoir cessé toute collaboration avec les
laboratoires, il sera quand même vu à Lourmarin aux côtés de Daniel Vial,
Lajoux, Evin, Kouchner etc., et les représentants de tous les grands
laboratoires dont Pfizer. « C’est vrai
qu’il y a eu un contrat de passé entre Cahuzac Conseil et Pfizer, au cours
des années 1993 à 1995. Il a travaillé pour le groupe Pfizer en donnant des
conseils en matière de politique du médicament
» a indiqué la direction de la communication de Pfizer. Mais personne ne saura
rien ni les projets ni sur les honoraires de conseil. Le Parisien souligne
« qu’une des hypothèses est que
Jérôme Cahuzac aurait joué un rôle pour que le médicament anticholestérol de la
classe dite des statines, le Tahor, fabriqué par Pfizer, soit bien accueilli
par les pouvoirs publics français. » On s’interroge aujourd’hui sur
les 500000 francs que notre ancien grand argentier aurait perçus de Pfizer
alors qu’il était justement rapporteur du budget de la santé. Pourquoi
faire ? On ne sait pas.