mardi 17 avril 2012

Affaire du Mediator, les hommes de l'ombre. Chapitre 4 : Gérard Bapt


Poursuivons notre démarche "politiquement incorrecte" cette semaine avec le député Gérard Bapt. Ce n'est pas vraiment un homme de l’ombre tant les médias ont jeté leurs projecteurs sur le défenseur de la Jeanne d’Arc brestoise, le docteur Irène Frachon dans l’affaire du Mediator. Tel le héros antique secourant la veuve et l’orphelin, le député s’est engagé contre les laboratoires Servier et le Mediator avec une fougue pyrénéenne. Il est pertinent de s’intéresser à lui, surtout pour le caractère paradoxal de ses déclarations et son attachement à des cercles de pouvoirs.

Député socialiste, cardiologue, Gérard Bapt a présidé la mission d’information sur le Mediator. Un article assez fouillé diffusé sur feu LePost.fr et signé David Thomas souligne l’ambivalence des déclarations du député. Ce dernier déclare sur son site internet « Je suis persuadé que les conflits d’intérêt ont joué un vrai rôle dans l’affaire du Mediator » et  rajoute qu’ « il est stupéfiant que l'Etat français tolère toujours des situations portant atteinte à la crédibilité des jurys attribuant des crédits publics ». Mais on s’étonne que le cardiologue Bapt n’ait jamais observé ou déclaré une valvulopathie lors de son exercice de la médecine. Si tel avait été le cas, tout le monde l’aurait su…
Il faut la pugnacité de quelques journalistes (il y en a encore) pour découvrir que Gérard Bapt est président fondateur d’un club parlementaire sur l’économie de la santé, le Club Hippocrate. Ce club n’est autre qu’un think tank à la française, c’est-à-dire un lieu de réflexion et de partage, ou autrement dit, une forme nouvelle de lobby. Il est ainsi évident qu’un tel club est approché par des industriels de la santé qui s’intéressent également aux questions de fond comme l’inéluctable lutte contre les dépenses de santé ou la réforme du médicament…
Chaque compte-rendu de réunion du Club Hippocrate remercie les généreux mécènes de ce club de réflexion, les « Partenaires Hippocrate » : la Générale de Santé, Malakoff Médéric et  GlaxoSmithKline ! Ce club présidé par Gérard Bapt, « chevalier blanc des conflits d’intérêts », est donc directement financé par un grand laboratoire pharmaceutique. A ce propos, le député Bapt s’est pris les pieds dans le tapis de l’interview lorsqu’il tente d’expliquer  que les industries pharmaceutiques sont des « partenaires ». Nous avons vu précédemment comment ce « partenariat » se développe en particulier sous l’égide de Daniel Vial à l’occasion de l’université de Lourmarin Pharmaceutiques. Simple coïncidence ? 
Peut-être pas. Sur les 11 membres de la mission d’information sur le Mediator, 8 étaient membres du club : M. Gérard Bapt, M. Jean-Pierre Door, M. Jean Bardet, Mme Valérie Boyer, M. Jacques Domergue, M. Arnaud Robinet, M. Jean-Louis Touraine, M. Jean-Luc Préel.
Parmi les membres du Club Hippocrate figuraient également Bernard Debré, également mandaté par le Président de la République pour rédiger un rapport sur l’affaire Mediator avec l’aide de Philippe Even. Enfin 6 parlementaires impliqués dans la mission commune d'information "Mediator : évaluation et contrôle des médicaments" du Sénat faisaient également partie de ce club financé par GSK. Les 3 personnes présentées comme « présidentes du Club Hippocrate » étaient toutes impliquées dans ces deux commissions parlementaires : Gérard Bapt, Jean-Pierre Door et Alain Vasselle. 
Le site internet du Club Hippocrate www.club-hippocrate.fr, (aujourd’hui étrangement inaccessible) évoquait également un « déjeuner Hippocrate » qui s’était tenu le mercredi 20 octobre 2011 au restaurant « Chez Françoise » sur le thème : « Santé et développement : traiter les maladies ou soigner les systèmes ? ». Y fut invité comme orateur Monsieur Hervé Gisserot, président directeur général de GlaxoSmithKline France…
L’agitation de Gérard Bapt n’aurait-elle pas pour objectif inavoué de détourner l’attention du public de médicaments nettement plus meurtriers ? On aime entendre le député Bapt parler du scandale de l’Avandia de chez GSK et largement minorer les effets destructeurs de ce médicament…
Les médias sont restés étonnement silencieux sur l’antidiabétique phare de GlaxoSmithKline, l’Avandia, retiré du marché en Europe en toute discrétion il y a quelques mois, et suspecté par les autorités américaines d’avoir causé aux Etats-Unis 83 000 infarctus entre 1999 et 2007. Avec ses 500 à 2000 possibles morts en 30 ans, le Mediator fait office de pâle challenger... Une commission parlementaire verra-t-elle également le jour pour auditionner les dirigeants de GlaxoSmithKline ?
Le député Bapt n’en reste pas là. Sans doute poursuivant une quête personnelle (hum…) il s’en prend systématiquement aux médicaments des laboratoires Servier, comme le Protelos. Il trouve un appui utile en la personne du patron de l’AFSSAPS, le professeur Dominique Maraninchi qui adressait une lettre de mise en garde aux professionnels de santé le 7 octobre 2011. Cette mise en garde fut infirmée par l’EMA qui, néanmoins, renouvelait des précautions d’emploi. La répétition d’accusations relatives au Protelos poussa Servier à porter plainte contre le député.
Enfin, cerise sur le gâteau, le « génie » du député Bapt fut « de faire sortir le nombre de morts», dit Irène Frachon à propos du Mediator. Si on veut… Mais il faut aussi préciser que Bapt et Frachon appartiennent tous les deux à la HSP, la Haute Société Protestante (tout comme Xavier Bertrand, ministre de la Santé…) et qu’ils sont même cités en exemple le 27 mars 2011 lors de la prédication de Stéphane Rémy au temple du Salin à Toulouse. Les relations ont du être grandement facilitées…
En somme, derrière des velléités de chevalier blanc, le député Bapt n’est pas si innocent que l’on voudrait nous le faire croire et ses relations avec les milieux de pouvoir, bien ancrées.

Prochain chapitre : Bernard Debré

2 commentaires:

  1. En somme, derrière des velléités de chevalier blanc, le député Bapt n’est pas si innocent que l’on voudrait nous le faire croire et ses relations avec les milieux de pouvoir, bien ancrées.

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  2. Poursuivons notre démarche "politiquement incorrecte" cette semaine avec le député Gérard Bapt. Ce n'est pas vraiment un homme de l’ombre tant les médias ont jeté leurs projecteurs sur le défenseur de la Jeanne d’Arc brestoise, le docteur Irène Frachon dans l’affaire du Mediator. Tel le héros antique secourant la veuve et l’orphelin, le député s’est engagé contre les laboratoires Servier et le Mediator avec une fougue pyrénéenne. Il est pertinent de s’intéresser à lui, surtout pour le caractère paradoxal de ses déclarations et son attachement à des cercles de pouvoirs

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