Poursuivons notre démarche "politiquement incorrecte" cette semaine avec le député Gérard Bapt. Ce n'est pas
vraiment un homme de l’ombre tant les médias ont jeté
leurs projecteurs sur le défenseur de la Jeanne d’Arc brestoise, le docteur Irène
Frachon dans l’affaire du Mediator. Tel le héros antique secourant la veuve et
l’orphelin, le député s’est engagé contre les laboratoires Servier et le
Mediator avec une fougue pyrénéenne. Il est pertinent de s’intéresser à lui,
surtout pour le caractère paradoxal de ses déclarations et son attachement à
des cercles de pouvoirs.
Député
socialiste, cardiologue, Gérard Bapt a présidé la mission
d’information sur le Mediator. Un article assez fouillé diffusé sur feu LePost.fr
et signé David Thomas souligne
l’ambivalence des déclarations du député. Ce dernier déclare sur son site
internet « Je
suis persuadé que les conflits d’intérêt ont joué un vrai rôle dans l’affaire
du Mediator » et rajoute qu’ « il est stupéfiant
que l'Etat français tolère toujours des situations portant atteinte à la
crédibilité des jurys attribuant des crédits publics ». Mais on s’étonne
que le cardiologue Bapt n’ait jamais observé ou déclaré une valvulopathie lors
de son exercice de la médecine. Si tel avait été le cas, tout le monde l’aurait
su…
Il faut la pugnacité de quelques
journalistes (il y en a encore) pour découvrir que Gérard Bapt est président fondateur d’un club parlementaire sur
l’économie de la santé, le Club Hippocrate.
Ce club n’est autre qu’un think tank à la française, c’est-à-dire un lieu de
réflexion et de partage, ou autrement dit, une forme nouvelle de lobby. Il est
ainsi évident qu’un tel club est approché par des industriels de la santé qui
s’intéressent également aux questions de fond comme l’inéluctable lutte contre
les dépenses de santé ou la réforme du médicament…
Chaque compte-rendu de réunion du
Club Hippocrate remercie les généreux mécènes de ce club de réflexion, les «
Partenaires Hippocrate » : la Générale de Santé, Malakoff Médéric et GlaxoSmithKline !
Ce club présidé par Gérard Bapt, « chevalier blanc des conflits d’intérêts »,
est donc directement financé par un grand laboratoire pharmaceutique. A ce
propos, le député Bapt s’est pris les pieds dans le tapis de l’interview lorsqu’il tente
d’expliquer que les industries
pharmaceutiques sont des « partenaires ». Nous avons
vu précédemment comment ce « partenariat » se développe en
particulier sous l’égide de Daniel Vial
à l’occasion de l’université de Lourmarin Pharmaceutiques. Simple
coïncidence ?
Peut-être pas. Sur les 11 membres de
la mission d’information sur le Mediator, 8 étaient membres du club : M. Gérard Bapt, M. Jean-Pierre
Door, M. Jean Bardet, Mme Valérie Boyer, M. Jacques Domergue,
M. Arnaud Robinet, M. Jean-Louis Touraine, M. Jean-Luc Préel.
Parmi les membres du Club Hippocrate
figuraient également Bernard Debré, également mandaté par le Président de la
République pour rédiger un rapport sur l’affaire Mediator avec l’aide de
Philippe Even. Enfin 6 parlementaires impliqués dans la mission commune
d'information "Mediator :
évaluation et contrôle des médicaments" du Sénat faisaient également
partie de ce club financé par GSK. Les 3
personnes présentées comme « présidentes du Club
Hippocrate » étaient toutes impliquées
dans ces deux commissions parlementaires : Gérard Bapt, Jean-Pierre Door
et Alain Vasselle.
Le site internet du Club Hippocrate www.club-hippocrate.fr,
(aujourd’hui étrangement inaccessible) évoquait également un
« déjeuner Hippocrate » qui s’était
tenu le mercredi 20 octobre 2011 au restaurant « Chez Françoise » sur
le thème : « Santé et
développement : traiter les maladies ou soigner les systèmes ? ».
Y fut invité comme orateur Monsieur Hervé Gisserot, président directeur général
de GlaxoSmithKline France…
L’agitation de Gérard Bapt
n’aurait-elle pas pour objectif inavoué de détourner l’attention du public de
médicaments nettement plus meurtriers ? On aime entendre le député Bapt parler
du scandale de l’Avandia de chez GSK et largement minorer les effets
destructeurs de ce médicament…
Les médias sont restés étonnement
silencieux sur l’antidiabétique phare de GlaxoSmithKline, l’Avandia, retiré du
marché en Europe en toute discrétion il y a quelques mois, et suspecté par les
autorités américaines d’avoir causé aux Etats-Unis 83 000
infarctus entre 1999 et 2007. Avec ses 500 à 2000 possibles morts en 30
ans, le Mediator fait office de pâle challenger... Une commission parlementaire
verra-t-elle également le jour pour auditionner les dirigeants de
GlaxoSmithKline ?
Le député Bapt n’en reste pas là.
Sans doute poursuivant une quête personnelle (hum…) il s’en prend
systématiquement aux médicaments des laboratoires Servier, comme le Protelos.
Il trouve un appui utile en la personne du patron de l’AFSSAPS, le professeur
Dominique Maraninchi qui adressait une lettre de mise en garde aux
professionnels de santé le 7 octobre 2011. Cette mise en garde fut infirmée par
l’EMA
qui, néanmoins, renouvelait des précautions d’emploi. La répétition
d’accusations relatives au Protelos poussa Servier à
porter plainte contre le député.
Enfin,
cerise sur le gâteau, le « génie » du député Bapt fut « de faire
sortir le nombre de morts», dit Irène
Frachon à propos du Mediator. Si on veut… Mais il faut aussi préciser que Bapt
et Frachon appartiennent tous les deux à la HSP, la Haute Société Protestante
(tout comme Xavier Bertrand, ministre de la Santé…) et qu’ils sont même cités
en exemple le 27 mars 2011 lors de la prédication
de Stéphane Rémy au temple du Salin à Toulouse. Les relations ont du
être grandement facilitées…
En somme,
derrière des velléités de chevalier blanc, le député Bapt n’est pas si innocent
que l’on voudrait nous le faire croire et ses relations avec les milieux de
pouvoir, bien ancrées.
Prochain
chapitre : Bernard Debré
En somme, derrière des velléités de chevalier blanc, le député Bapt n’est pas si innocent que l’on voudrait nous le faire croire et ses relations avec les milieux de pouvoir, bien ancrées.
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